"Lorsqu'un seul homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes rêvent ensemble, c'est le début d'une nouvelle réalité." HUNDERTWASSER

mardi 21 avril 2009

JeReMy eCouTe uN DiSqUe dE RaP

Le slam depuis Marc Smith avait fait son chemin et résonnait en moi de façon intime lorsqu'elle sortait de la bouche d'Abd Al Malik sous le Flows d' un Gibraltar. Scandé à la fois par sa verbe et par le rythme entêtant d'un Sinnerman embrassant Nina Simone au passage. J'étais assis sur ma chaise rouge et c'était la deuxième fois que je le voyais. La première, c'était Oujda et la deuxième allait débuter par Soldat de Plomb. Articulation de gestes et performance poétique, langue scandée poésie en guise de balle touchant les cœurs. Abd Al Malik était pour moi, un des plus grands de cette culture Hip Hop Française parce qu'il parvenait en trois albums solo à pointer du doigt des sujets plus ou moins lourds tout en restant sensible à ne pas devenir caniveaux, tout en fusionnant les plus belles valeurs du soufisme, avec les penseurs de la nègritude, tout en aimant la France et tout en livrant sa quète personnelle et ses plaies. J'étais assis su ma chaise rouge et je le revoyais à Oujda avec son frère Bilal dans leurs belles djelaba noires, là ce soir il allait nous livrer leur rage mêlée d'amour entre rap, salm, rock, accordéon, contrebasse et piano. Je ressentais au fond de moi Gibraltar et "ce magnifique royaume du Maroc qui avait fait de moi un homme". Musique des cœurs comme arme ultime face au déni de l'histoire coloniale et de cette jeunesse immigrée exclue et ghettoisée, face à la vie et au quotidien. Face à ce que chacun d'entre nous peut faire. Hommage à l'alchimiste de nos coeurs. Omniprésent. Hommage à Césaire." De Fort de France à Oujda, de Cayenne à Brazzaville, il rassemble encore". Abd Al Malik scande comme un guerrier de l'amour, des textes porteurs et universels. Subversif, intense. Il rassemble tous les âges à travers des textes très personels et miroir. Pour moi, Abd Al Malik est bien plus qu'un slameur ou qu'un rappeur, il est cet homme qui a su faire le pont entre la musique de la rue riche, intense revendicative, puissante et cette musique a su franchir les tours pour toucher toutes les classes et tous les âges. C' est un briseur de chaînes rêvant de France arc-en-ciel et d'union, de respect, de vivre ensemble, de métissage culturel. Pour moi, Abd Al Malik c'était bien plus qu'un slameur, c'était quelque part, involontairement, grâce à lui que je m'étais rendu près de ce vieil homme, l'alchimiste. A travers ses textes, il y avait bien plus qu'un bon moment, passé dans une salle. Il y avait toujours ce combat universel du partage et du vivre ensemble. On pouvait trouver ses textes parfois simples, parfois trop inaccessibles, voilés par pudeur, trop sensibles, trop personnels. Mais à mes yeux ils ouvraient des portes au même titre que ce discours du 28 août 1963, sur les marches du Lincoln Memorial. Et ça pour la France d'aujourd'hui, "C'est du lourd, un truc de malade."

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