"Lorsqu'un seul homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes rêvent ensemble, c'est le début d'une nouvelle réalité." HUNDERTWASSER

vendredi 27 février 2009

Fes iL Y a UnE sEmAiNe

A bord de mon bateau, je me sentais voguer, flotter dans les airs, entre odeurs de poisson cuit au soleil. Graisse de mouton et odeur de plumes de poule prête à passer sous la lame. Je me sentais devenir homme à travers toute cette beauté et toutes ces laideurs. Vue sur les marteaux, flammes qui dansent au son du cuivre, je bois mon thé. Dans ce petit café en miniature deux trois affiches Psychose, New York New York et un esprit unique rhytmé au son des dinandiers. Je voguais entre deux extrêmes, celui de l'intégrisme inconcient et l'amour. Le dogme et le coeur. Taâla kbira ma main plonge dans un sac de graines. Urseff nid à mouches aux fruits frais. Paradis des rats et des chats. Odeur de pâte cuite sur un poêle rond. Odeur de vie et d’extrême. Terrain de jeu et pneu crevé. Passants aux poches vides et aux poches pleines. Sans bras, sans jambes, gracieux. Les visages s'entremêlent, boiteux, mignonnes, tendresse, dents pourries écorché du goudron, de la bouteille. Charmes du quotidien, rage de vivre, être. Et puis il y a ces rencontres qui au fil de nos mots, avec simplicité m'ont conduit à être. Omar, Justin, Arab, Nadia au-delà de nos différences, mon Maroc c'est eux. Les Suisses marocains bloquent le chantier sur lequel je travaille. Chomage technique. En attendant qu'ils ouvrent le porte-monnaie. Il y a quelques mois cette situation m'aurait paniqué, avant que je comprenne que ma venue à Fes n'était pas que professionelle. Disons que Fes exerçait sur moi quelque chose d'unique que j'avais ressenti pour la premiere fois au bord du lac Moreau au Québec. Pour simplifier et sans rentrer dans les détails de mon intimité. J'étais à Fes comme un ver dans un cocon de soie, j'allais devenir papillon. Il ne me restait plus qu'à donner la direction de mon devenir. A travers mes rencontres Omar fut comme un guide. Pour lui la vie était comme une longue marche en compagnie d'un guide aveugle. Ce qui me faisait le plus plaisir dans tout ça, c'est qu'enfin je comprenais Gibraltar d'Abd Al Malik pour ressentir au fond de moi ce même amour du Maroc "qui avait fait de moi un Homme". Vivre près des mots, près des autres comme si la flamme qui brûlait mon coeur s'était transformée en force. Je touchais alors à quelque chose de profond, au-delà des religions, des mythes, des codes et des dogmes. Et dans ce respect de l'autre j'ouvrais des portes et des portes. Des grandes et des petites, en bois chaud, en métal froid. A travers la laideur et la beauté je me sentais devenir. Je ressentais le besoin d'aider sans attendre en échange, de créer du lien, du réseau, ce qui m'avait conduit à suivre ce groupe de l'école americaine de Paris et les introduire à travers leurs recherches auprès de mes amis artisans, soufi. Autour d'une poule grillée de la ville nouvelle, une petite assiette de sauce tomate et du pain pour la trempette, je sentais qu'avec Arab, Nabil et Saïd une amitié forte était née. Ce chantier, mes gestes, mes pensées étaient de plus en plus fortes. Cette ville exerçait sur moi une attraction qui me poussait au face à face. Je me trouvais en quelque sorte face à moi-même et je découvrais les clef pour accéder à l'autre côté du miroir. La graisse de mouton, parfums de rue, odeurs d'épices, de thé et de tabac. Vent froid et soleil de plomb, contraste et extrême.

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