"Lorsqu'un seul homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes rêvent ensemble, c'est le début d'une nouvelle réalité." HUNDERTWASSER

dimanche 15 février 2009

Fes Le MuR & PaSsAnTe et LIbErTé

CaFé ClocK
Thé sheaba (ambroise)
old holborn OCB briquet transparent et rose
Lait amande chocolat
Mal au ventre, j’ai pris froid en sortant du Hamam
Soleil et fraîcheur
Après une discussion avec Sandrine une amie Instit.
Bibo no Aozora Ryuichi Sakamoto Babel
Paper Planes MIA Slumdog Millionaire

Mes chaussures s’usent, mes lacets blanchissent. C’est l’heure du travail. En face de mon mur je me retrouve. C’est étrange, je crois que j’ai trouvé cette petite chose, cette petite étincelle qui me manquait. J’ai l’impression en quelques semaines d’avoir pris du recul sur beaucoup de choses, les attentes, les envies. J’ai l’œil qui brille. Mes outils en mains, j’ai comme l’impression de me découvrir enfin à travers mon travail. Je prends conscience de mes contraintes. Je prends conscience de qui je suis, mon impuissance face au travail du temps. Je suis là, comme un funambule, à marcher sur mon fil. Arab prend le temps de m’expliquer l’amour. La radio crache Parole Parole. D’après lui quand on sait bien préparer les œufs au plats, on sait donner du plaisir à une femme. Sa théorie tient la route, je vous raconterai ça, un soir, si ça se présente et si possible entre deux trois bières bien fraîches. Mes journées sont courtes, rythmées par la prière, mais c’est suffisant, étape par étape. Quand ça devient compliqué je reprends le lendemain et ça va toujours mieux. Prendre du recul. Regarder sous un autre angle. Je réalise qu’un bon maître, c’est une personne qui ne parle pas, c’est celui qui donne l’exemple. Il me reste encore beaucoup de chemin à faire mais j’ai de bons lacets et de bonnes chaussures. J’ai l’impression que ce voyage est une clef. J’ai l’impression d’ouvrir en moi des portes que je n’imaginais pas auparavant. Je sens en moi la rage d’avancer, j’avais l’impression d’être un homme assis, je me suis relévé et maintenant je cours. Dans ma course je vois défiler des hommes avec leur histoire, leurs mains, leur âme. Nous courons tous, plus ou moins vite. Certains marchent moi je ne m’arrête plus. Je pense que sur de nombreux points le retour sera difficile. Il ne faut pas non plus croire que j’idéalise ce pays, non il y a de nombreuses choses qui me marquent mais il faut savoir passer au-dessus. Comme le dit les Hadith « Les hommes sont comme les dents d’un peigne ». Je me sens malgré nos différences accueilli comme un frère, je me sens être, tout simplement. Je rentre du chantier habillé comme j’y étais. Mon pantalon taché fait de moi un Fassi le temps de ces six mois dans les yeux des hommes que je rencontre. Mais le retour sera dur parce qu’il y a ici ce petit quelque chose qui manque à nos rues. La vie et la chaleur des hommes. Le fait de ne pas être qu’une ombre. Je ne sais pas, ici on est, on ne paraît pas simplement, du moins autour de moi mais il y a déjà deux mondes entre médina et ville nouvelle. Je fais la rencontre d’une fille, son nom ne me revient pas, mais je serai amené à vous le donner. Assis à la bibliothèque dans cette petite salle aux coussins mouelleux, je goûte ses mots, elle vient de la campagne, je goûte ses yeux, je prends un peu de ce « putain de merde » qui s’échappe de sa bouche. Je suis accroché à mon ordinateur mais dès que mon regard se lève, c’est pour reprendre un peu de cette image de beauté et de courage que j’ai en face de moi. Comme si ma rétine ne pouvait garder en mémoire son visage, j’en reprends et reprends jusqu’à nos premiers mots. Son Jean et sa petite chemise blanche, sa veste noire et son collier de pierre rouge. Je me noie dans ses mots . C’est le genre de fille qu’on regarde et que l’on aime au fond de soi non pas par désir mais pour ce qu’elle dégage. Le genre de femme qui te semble intouchable. Le genre de femme que je voudrais avoir auprès de moi comme amie et simplement comme amie pour ne pas abîmer nos mots, pour ne rien détruire. L’amitié. Je suis assis là, en face d’elle. Elle m’explique comment elle en est arrivée à tout quitter, ses traditions. Elle est musulmane mais elle a dû se battre contre sa mère pour arriver à ce qu’elle était. Une femme en quête de liberté. Elle était alors pour moi comme un symbole de ce Maroc nouveau, de cette nouvelle génération. De cette quête de liberté pour les femmes de ce pays. Après avoir rencontré un Français et quelques années de vie en commun, sa mère lui demanda de faire une opération de virginité. Une pratique courante au Maroc comme pour le reste du Maghreb et elle refusa. Elle partait du principe qu’on ne pouvait pas mentir sur ce que l’on était et que son corps n’était pas un objet traditionnel. A partir de ça elle décida que ce qu’elle définirait de bon pour elle, elle le ferait. Qu’elle pratiquerait sa religion tout en se libérant des interdits traditionnels. Que si elle voulait boire, elle le ferait, que si elle voulait fumer elle le ferait, que si elle voulait faire l’amour elle le ferait. Derrière ses mots, je ressentais le poids de son histoire. J’entendais le mot « putain ». Dans ma tête et à y regarder de plus près je voyais des hommes qui se posaient la question. Moi je voyais assis devant moi, une belle femme courageuse et ses mots encore maintenant me poursuivront pour longtemps.

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