"Lorsqu'un seul homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes rêvent ensemble, c'est le début d'une nouvelle réalité." HUNDERTWASSER

mardi 24 mars 2009

La meilleur manière de montrer ses dents, c’est de sourire

La route est noire. Seuls les réverbères de la rue diffusent une belle et douce couleur de chaleur, de vie nocturne. Vie de chat, corps de chat enfoui, la tête dans les sachets plastique puant l’arrête de poisson et la graisse de viande. Le sol, parsemé de débris de verre scintille comme un tapis orné de petits anneaux de métal. Au-dessus d’un muret quelques graminées et quelques fleurs bercées par le vent t’invitent le temps d’une crampe au ventre à un spectacle, un tango de la nuit avec comme seule musique le silence. En fermant les yeux tu peux l’entendre résonner en toi cette musique absente. La musique du cœur. Celle qui fait danser ton corps le long de ces ruelles. Vie de passant, vie de silence le long de ces ruelles où seul, le transformateur rythme tes pas . Une marelle à la craie disparaissait sous la pluie mais en fermant les yeux on pouvait encore y entendre des rires de petites filles au nattes bien serrées. Et puis il y avait les plus grands assis là sur les marches. Il ne restait que de leurs traces le parfum entêtant du kif et la trace de leurs fesses sur les escaliers du quartier. Des coquilles de tournesol salées, des papiers de bonbon et des flaques de glaire passant du blanc au vert du liquide au dur. Je sentais Coco mademoiselle et ma chemise berbère dormirait près de mon oreiller ce soir là, en attendant de sentir le flacon, en attendant de sentir le cou qui le portait si bien. Le temps d’une marquise je me disais, tournant le dos à ces cinq lettres SNACK posées à la bombe orange que j’étais tout simplement heureux. J’étais là à Bouajara bab jedid Fes Médina et je me rendais compte que le funambule que j’étais avait terminé sa traversée dans le désert des doutes, j’avais longtemps eu le sentiment d’être accroché comme ça au hasard des évènements de la vie, en équilibre. Mais mon fil était devenu terre et je me sentais les deux pieds ancrés dedans. Mes nombreux rêves se transformaient en projets et les rencontres que je faisais sur mon chemin étaient toutes plus ou moins riches dans ce qu’elles avaient de beau ou de douloureux.
La flamme de mon briquet venait caresser la marquise et le temps de la danse, des nuages de fumée me sortaient du nez. J’étais heureux quand la lame de mon couteau s’enfonçait dans le plâtre humide et que le dessin se transformait en Telt, en Texera, en Tara, en Ziak, en Octeb, en Dfera ou en Bnika, je me sentais heureux. Quand je poussais cette porte noire, le sourire au lèvre, ma main dans la sienne. Je me sentais heureux. Quand j’écoutais le tourbillon de la vie assis dans la poussière de chaux, le pantalon sale et un Tonic entre les jambes, je me sentais heureux. Quand je pensais à Sam qui gambadait sur ses deux petites jambes j’etais heureux. Quand je pensais à mon retour en France et au nombre d’envies, de désirs, de projets qui me permettraient par la suite de choisir la forme que je voudrais donner à ma vie. Les priorités, les rêves, la grande échelle et les étapes à franchir, les retrouvailles, le tourbillon et bien j’étais tout simplement heureux et confiant parce que ce voyage m‘avait permis malgré les embûches de comprendre qui j’étais et aujourd’hui, si j’avais quelques chose à dire, juste une chose, là contre ce mur c’était envolez-vous vers l‘inconnu vous apprendrez des autres et vous apprendrez de vous et vous vous rendrez alors compte que la plus belle école, c’est la vie.

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