"Lorsqu'un seul homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes rêvent ensemble, c'est le début d'une nouvelle réalité." HUNDERTWASSER

samedi 31 janvier 2009

MeS MaîTrEs

Conseil d'Arab sur mon deuxième exercice

Je n'ai jamais ressenti de sentiment aussi fort que la solitude. Se retrouver au moins une fois seul pour mieux apprendre de soi. Ces dernières semaines, je me suis retrouvé dans les situations les plus étranges de ma vie. Les plus constructives aussi. Avec ma casquette Mickey que m'a offerte Mohamed, j'ai parcouru des kilomètres et des kilomètres de rues, tout en ayant sur la tête de quoi me rappeler que j'étais en visite. Je me suis présenté avec ma barbe mal rasée aux plus grands Maâlems de la cité. Aux chambres artisanales, aux écoles. De Bab el jedid à Boujloud. Fes el Bali se transformait derrière moi en gueule ouverte, à la fois belle et monstrueuse. Je suis devenu moi, dans le regard de Azul arab et Saïd, dans nos discussions. J'avais trouvé en eux les maîtres que je cherchais depuis tant d'années. Le doute, le "qu'est-ce que je fous là", ça a commencé quand, comme prévu, j'ai pris rendez-vous avec mon contact pour le Maâlem qui voulait me suivre et que assis là, dans ce petit club de la ville nouvelle à Kissaria d'or, j'entends "bah désolé mais je crois que ça va pas être possible, il est en déplacement". "Sinon on t'a trouvé peut-être un gars mais ça coûte. " ok ok ok ok reste calme. Je ne suis pas du tout calme. Je sors, je tremble, je doute, j'me dis merde il faut que je me bouge. Je suis pas du tout calme. Je lève la main. Je prends le petit taxi en direction de Bouajara et pendant la course j'explique le problème. Reste calme. Il me conduit au café Afaf à Boujloud et me présente Mohamed Elgoulay un Maâlem prêt à me prendre mais qui n'a pas de chantier pour le moment. Je reste en contact. Je tourne tourne tourne. Passe le temps au cyber, à chercher mais rien. De rue en rue, je suis à l'affût du petit chantier. Des riads, des dars. Je cherche et un jour de grand soleil, je passe devant un homme en survet, Nabil et je demande: "c'est ton chantier? Je serais intéressé pour observer, peut-être toucher un petit peu, apprendre les gestes, les recettes". Il me conduit dans chacune des pièces, me fait la visite, me questionne. Il me présente enfin Saïd, un Maâlem qui avait travaillé dans le palais royal de Sadam en Irak. J'avais trouvé mon maître. Je travaille tous les jours sauf quand il pleut et comme il pleut assez souvent ça fait pas beaucoup de jours pour l'instant mais ces journées sont d'une richesse rare et aujourd'hui je remercie mon étoile de m'avoir conduit jusqu'à ces hommes. J'apprends, j'écoute. Arab me dit "tu sais, c'est rare un Maâlem qui donne mais ma religion me demande d'aider, j'aide. On est amis. On m'a appris il y a maintenant quelques années, pourquoi garder ce que je connais . Je te demande juste de transmettre ce que tu apprendras. Tu le donneras comme je te l'ai donné, sans argent, pour l'amour du geste. Et je te demande de ne pas m' oublier. Je n'oublie pas. J'avance, je suis heureux et Fes el Bali s'ouvre à moi. Il me sert la main "alors tu es fassi maintenant!" Je range ma casquette Mickey et je rentre à Bouajara.

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