"Lorsqu'un seul homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes rêvent ensemble, c'est le début d'une nouvelle réalité." HUNDERTWASSER

dimanche 8 février 2009

PoEsiE du dEsOrdRe

médecine près d'Ursef
Fes Medina paradis des chats et des rats
Le thé et la radio sur le chantier

Je me sens comme Corto à Venise perdu entre calligraphie arabe et géométrie. La médina est un lieu magique. Construite avec le temps en communion avec Dieu. Tout y est mathématique, symétrie, logique. Tout y semble simple et extrêmement codifié à la fois. Je me sens comme Guiseppe Bergman, comme dans un rêve, où l’histoire se mêle au trait fin d’une hanche de femme qui te frôle. Un regard. C’est plus un jeu qu’autre chose, c’est déjà beaucoup. Je plonge mes yeux dans les siens et elle le sait elle en fait de même mais on en restera là. Je bois mon thé, pose mon verre et m’allume une clope. Il ne pleut plus. Lundi je me lèverai à sept heures et je prendrai le chemin. Le chemin de mes rêves. Plus de petit taxi, il ne pleut plus. C’est l’heure du bus 11, les jambes. Je me sens comme Théodore Poussin, marin de terre, il m’arrive de rêver d’un monsieur novembre qui viendrait rompre la solitude des jours pluvieux. Mais cette solitude, elle me nourrit. Le Maroc ou l’école de la patience. Les rues me sont de plus en plus familières. J’embrasse certains commerçants sur ma route. Je prends le temps de boire un, deux, dix thés. Je déjeûne à la maison et sur le chantier. Le thé est mon eau. Mes reins n’en souffrent pas plus que ça. Mais je vérifierai mon diabète au retour. La médina a pris son temps pour m'accueillir, comme un animal éveillé, j'ai su la dompter par mes pas. Je me laisse maintenant bercer par le flot, la masse, les sons, les ruelles interminables. Je me sens de plus en plus à l'aise. Attiré par des sons et c'est mon instinct qui me conduit. Je n'ai plus besoin de fil ou de petits cailloux. Je me sens comme dans un labyrinthe fléché. Il y a quelque chose d'antique dans cette ville. En faisant abstraction des paraboles, des téléphones, des poubelles à tous les mètres éventrées par des chats. Il y a quelque chose d'unique. Une harmonie du désordre et tu sens la vie. Tu n'es pas juste une ombre dans une ruelle. Tes "Salam" sont sincères. Il y a du vrai, du bon et du mauvais mais les deux s'harmonisent à merveille. Du haut du Dar, où j'apprends le ciselage , j'entends le coq en plein coeur de la médina. Un autre répond. A perte de vue des toits, une ville et une foire aux animaux. Rats, poules, chats, oiseaux, étalages sanglants, têtes de chèvres, de chameaux, de boucs. Mes maâlems, à l'heure de la prière étendent de grands sacs de farine en guise de tapis orienté vers la Mecque. J'aime cette poésie constante qui se dégage de ces rues et de ces lieux.

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